Créer son activité professionnelle est une réelle aventure. Se lancer en intégrant une coopérative d’activité et d’emploi peut constituer une option rassurante par le statut offert et la force du collectif mise à disposition. Zoom sur la création d’activité au sein d’une coopérative, avec les éclairages de deux structures régionales : Crealead et Mine de talents

Qu’est-ce qu’une coopérative d’activité et d’emploi (CAE) ?
Une CAE permet aux porteurs de projets, voire aux entrepreneurs individuels déjà installés, d’exercer leur activité au sein d’une structure qui leur fournit :
- un cadre juridique (celui de la coopérative, avec numéro de TVA et immatriculation au Registre du commerce et des sociétés) ;
- un statut d’entrepreneur salarié, donc notamment une protection sociale ;
- divers services mutualisés : gestion administrative et comptable, accompagnement individuel et collectif, etc.
En contrepartie, l’entrepreneur salarié verse à la CAE une contribution selon les modalités fixées par l’assemblée générale de la coopérative (généralement, 10% de son chiffre d’affaires).
Intégrer une CAE permet donc à un porteur de projet de tester son activité avant de se lancer effectivement, mais aussi de l’exercer pleinement, sans être isolé, en bénéficiant de la force du collectif, et en se concentrant sur son cœur de métier. L’entrepreneur est certes salarié de la CAE, mais il jouit d’une réelle autonomie pour exercer son activité sous sa propre marque commerciale.

Qui peut intégrer une CAE ?
La plupart des CAE sont généralistes et peuvent accueillir des entrepreneurs exerçant dans des secteurs aussi variés que le bâtiment, l’art, l’artisanat, la formation, le commerce, l’informatique, les services aux entreprises, aux particuliers, etc. Certaines CAE sont toutefois plus spécialisées, comme Terracoopa par exemple, coopérative d’activités de l’agriculture biologique et des métiers de l’environnement implantée en Occitanie.
En revanche, certaines activités ne peuvent pas être hébergées au sein d’une CAE, à savoir les activités réglementées, ainsi que celles nécessitant un bail commercial, ou des investissements de départ trop importants.

Quelles sont les étapes pour intégrer une CAE ?
Les principales étapes sont les suivantes :
- participation à une réunion d’information organisée par la CAE ;
- entretien individuel du porteur de projet avec la CAE, afin de vérifier la maturité du projet mais aussi de mesurer la volonté du futur entrepreneur de rejoindre un collectif ;
- signature d’un contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE), d’une durée d’un an, renouvelable deux fois - il est possible, à ce stade, de rester demandeur d’emploi et de percevoir des allocations chômage tout en exerçant son activité ;
- si l’activité se développe suffisamment, signature d’un contrat d’entrepreneur salarié associé (CESA) - ou départ de la CAE, selon le souhait de l’entrepreneur ;
- au plus tard trois ans après le démarrage de son accompagnement, l’entrepreneur doit devenir associé coopérateur s’il souhaite poursuivre son activité au sein de la CAE (obligation imposée par la loi), après présentation de sa candidature en assemblée générale et vote des sociétaires ; sinon, il doit la quitter pour continuer à exercer son activité.
Tout entrepreneur est bien sûr libre de quitter la CAE quand bon lui semble, à tout moment de son parcours, pour des raisons qui lui sont propres.

Farba Ndour, directeur général, et Sandrine Mathon, présidente du conseil d’administration, présentent Crealead, qui fête ses 20 ans en 2021...
« D’abord créé sous la forme d’une couveuse d’activité en 2001, Crealead est aujourd’hui, et ce depuis 2006, une coopérative d’activité et d’emploi, explique Farba Ndour. Crealead compte, à ce jour, 280 co-entrepreneurs : 60 en train de tester leur activité, et 210 entrepreneurs salariés dont 201 sociétaires associés. Crealead réalise un chiffre d’affaires de 10 M€, ce qui le positionne à la 1re place des CAE en Occitanie, et dans les 5 premières places au niveau national. Crealead comprend deux établissements : l’un généraliste et accueillant toutes sortes d’activités, l’autre dédié aux métiers du bâtiment, et est organisé en 5 pôles : formation, design, bâtiment, évolution (les métiers du conseil), Agence (la communication). La structure met à la disposition des porteurs de projets 16 membres de l’équipe d’appui, qui sont là pour les aider dans le pilotage de leur activité, ainsi qu’une quinzaine de co-entrepreneurs présents pour les accompagner dans d’autres domaines. Certaines formations sont obligatoires, d’autres sont optionnelles. Par ailleurs, Crealead est un organisme de formation officiel, inscrit au Datadock, et en cours de certification Qualiopi. Tous les formateurs de Crealead en bénéficient. »
« Le périmètre géographique initialement défini pour accueillir les porteurs de projets était celui de Montpellier, mais depuis 2015, nous avons décidé de l’ouvrir sur un axe Nîmes-Béziers, ajoute Sandrine Mathon. Le bassin de Thau s’est beaucoup développé, et le piémont cévenol est également très actif. »

Quelles sont les perspectives de développement de Crealead ?
« Nous souhaitons bien sûr continuer à accueillir des entrepreneurs, poursuit Sandrine Mathon, car aider les porteurs de projets à devenir des entrepreneurs correspond à notre vocation, mais nous devons maîtriser notre croissance pour garder l’ambiance "famille" qui règne au sein de Crealead, ainsi que la qualité de l’accompagnement tant individuel que collectif des porteurs de projets. Nous sommes donc en train de réfléchir à d’autres façons de garder cet état d’esprit, à la mise en place d’animations différentes, innovantes... Ce qui est intéressant dans une CAE, c’est que tout est possible, car c’est nous qui décidons des nouveaux services que nous souhaitons lancer, des nouveaux outils que nous voulons mutualiser, etc. Nous avons également récemment réaffirmé notamment notre volonté de travailler notre ancrage sur notre(nos) territoire(s), de redévelopper la dimension sociale de Crealead, donc d’accompagner des catégories plus vulnérables, comme les personnes qui perçoivent le RSA, de travailler notre impact sur l’environnement, et enfin, de devenir une école de l’entrepreneuriat. »
Crealead propose environ 3 réunions d’information par mois, pour l’instant organisées en ligne : s’inscrire.

Nathalie Garrisson, chargée de formation et accompagnement, présente Mine de talents...
« Mine de talents a été créée en 2004 en se déployant sur le Gard et la Lozère. La structure est aujourd’hui présente à Alès, Nîmes, Bagnols-sur-Cèze, et elle assure des permanences à Mende. Elle compte plus de 200 entrepreneurs, avec des entrées et des sorties permanentes sur l’année : 115 entrepreneurs salariés, 85 entrepreneurs salariés associés, et une équipe de 9 personnes pour accompagner les porteurs de projets. Mine de talents est une coopérative généraliste, puisqu’elle accueille tous les métiers : art et artisanat, bien-être et santé, commerce industrie et services, habitat/environnement, communication, informatique, et formation, exception faite des professions réglementées bien sûr, tout simplement pour des problèmes d’assurances. Mine de Talents détient des labels et des agréments : la certification Qualiopi pour les formateurs, un agrément Entreprise solidaire d’utilité sociale, une carte de marchand ambulant pour les entrepreneurs qui vendent sur les marchés, ainsi qu’une licence de spectacle pour les artistes. »

Une actualité pour Mine de talents ?
« Oui, la CAE vient de lancer un nouveau parcours intitulé "Parcours pour entreprendre", qui s’adresse aux personnes souhaitant faire émerger une idée et devenir entrepreneurs. Cette formation éligible au compte personnel de formation dure 3 mois, et comprend des phases d’accompagnement individuel et collectif. »

Quelles sont les perspectives de développement de Mine de talents ?
« À partir de juin 2022, le nombre d’entrepreneurs salariés associés sera supérieur à 100. Nous devrons donc changer de statut. En conséquence, une réflexion est en cours pour savoir si la CAE, aujourd’hui en SARL, doit devenir une SA ou une SAS. Pour cela, nous prenons contact avec diverses CAE implantées en France et ayant des statuts différents. Nous présenterons ensuite les résultats de cette réflexion aux entrepreneurs salariés associés, qui prendront la décision, la gouvernance étant partagée. »
Mine de talents organise des réunions d’information collective à Alès, Nîmes, Florac, Bagnols-sur-Cèze et Uzès. Inscription par territoire en bas de la page d’accueil de son site.

Les CAE en Occitanie
Selon les données de la Confédération générale des Scop, en février 2021, l’Occitanie comptait 16 CAE (en 2e position derrière la région Auvergne-Rhône-Alpes qui en comptait 30), qui ont conclu plus de 2 000 CAPE/CESA (contre plus de 2 600 pour la région Auvergne-Rhône-Alpes).
Voir la liste des CAE en Occitanie

À noter : depuis le 1er décembre 2020, il existe une Fédération des CAE. Accéder à son tout nouveau site

Textes officiels et pour en savoir plus :
Loi du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire
Décret n° 2015-1363 du 27 octobre 2015 relatif aux coopératives d’activité et d’emploi et aux entrepreneurs salariés
Plus d’infos sur les CAE sur le site de Bpifrance