Le marché de l'emploi cadre : y a-t-il réellement une problématique senior ?


Le marché de l'emploi cadre : y a-t-il réellement une problématique senior ?

La problématique « senior », qui reste centrale dans le débat public lorsque la question du chômage est abordée, correspond-elle pour les cadres à une réalité ?
Faut-il dépasser le simple facteur âge pour mieux comprendre les mécanismes à l’oeuvre ?
C’est à ces questions que l’Apec a voulu apporter des réponses en réalisant une étude basée d’une part sur le suivi de cohortes de cadres en recherche d’emploi conseillés par les consultants de l’Apec, d’autre part sur deux enquêtes consacrées aux motifs de licenciement. Elles ont été menées auprès de cadres, de responsables RH et de consultants de l’Apec. Zoom sur cette étude...

Contexte du marché de l'emploi cadre

Le marché de l’emploi cadre français est en situation de plein emploi. Sur les 3,19 millions de cadres qu’il compte aujourd’hui, près de 125 000 sont en recherche d’emploi, soit un taux de chômage de 3,8%. C’est deux fois mois que l’ensemble des salariés. La conjoncture favorable depuis 2004 explique en grande partie cette bonne santé dont tous les cadres profitent aujourd’hui, qu’ils soient jeunes diplômés ou cadres confirmés.

Sur ce marché, 3 cadres actifs sur 10 sont quinquagénaires. Tout autant investis dans leur vie professionnelle que les autres générations de cadres, ceux que l’on nomme à tort les « seniors » ne se vivent pas comme tels. Le clivage n’est réel qu’après 55 ans. Contrairement aux idées reçues, ces derniers ne sont pas plus souvent licenciés que leurs cadets. Pour autant, lorsqu’ils perdent leur emploi, ils ont davantage de difficultés à en retrouver un : le taux de chômage s’établit pour eux à 6,4% contre 1,6% pour les moins de 30 ans.



Résultats de l'étude menée par l'Apec

Il ressort de cette étude que le chômage des cadres n’est pas « alimenté » par les quinquagénaires, mais plus largement par les « ruptures » dans la vie professionnelle, ruptures qui sont sans lien avec l’âge et qui peuvent prendre diverses formes : difficultés à dépasser un conflit ouvert dans le dernier poste occupé, dévalorisation de soi, manque de discipline dans la recherche d’un nouvel emploi...

Ainsi, pour Gabriel Artero, président de l’Apec, « il n’y a pas de problématique senior à proprement parler. Dans un contexte où le sentiment d’isolement et la disparition du collectif dans l’entreprise sont devenus la norme, ce sont davantage les ruptures que subissent les cadres qui alimentent le chômage, en particulier celui de longue durée. Forte de ce constat, l’Apec apporte des réponses concrètes aux cadres en recherche d’emploi et des conseils axés notamment sur l’individu et la reprise de la confiance en soi. Au lieu de se focaliser sur la question de l’âge, il est préférable de traiter le problème à la source en se concentrant sur les conditions de travail ».



Réponse de l’Apec à la segmentation du marché

Face à ces constats, l’Apec a conçu une offre de services spécifique répondant aux besoins des cadres et du marché. Ainsi, elle apporte des solutions concrètes qui ne sont pas liées à l’âge : il n’y a pas d’offre spécifique « senior ». En revanche, l’accompagnement des consultants est adapté à chaque individu et à son marché potentiel. Le travail de recherche d’emploi s’articule non seulement autour de l’analyse des compétences, des motivations et du projet professionnel, mais aussi :

  • de la connaissance du marché actuel (des bassins d’emploi, secteurs porteurs, filières de formation recherchées, tensions…), des besoins en compétences des recruteurs, des perspectives de recrutements et des évolutions des métiers ;
  • du travail sur l’individu et en particulier sur le regard qu’il porte sur lui-même et sur les autres, ainsi que sur l’image qu’il donne aux autres. Ce travail, essentiel pour qu’il reprenne confiance en lui, se fait notamment dans le cadre d’ateliers, et se révèle souvent un déclencheur qui replace le cadre dans un cercle vertueux et une dynamique positive. Ce type d’atelier, qui bannit tout jugement de valeur, est basé sur le factuel et le professionnel. Il s’appuie sur son parcours, la façon dont il l’appréhende, la façon dont il le présente au groupe et les échanges qu’il induit.



    Télécharger l'étude « Le chômage des cadres »

    Télécharger l'étude « Les recrutements de cadres de 50 ans et plus en 2007 » ...