Formation professionnelle en Occitanie : un marché en expansion, mais plus instable que jamais.

Le marché de la formation professionnelle en Occitanie continue sa progression. Selon l’étude 2025 du Carif-Oref, la région comptait 14 274 organismes de formation actifs en janvier 2025, soit près de 3 600 de plus qu’en 2021. L’Occitanie concentre ainsi un organisme sur dix en France et se hisse au troisième rang national, derrière l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes.

Cette vitalité se traduit aussi par une fréquentation en hausse : 2,23 millions de stagiaires et apprentis ont été formés en 2023, soit +13 % en quatre ans. Le chiffre d’affaires global du secteur atteint 1,8 milliard d’euros, contre 1,13 milliard en 2019, une progression de 59 %. Ce boom du marché de la formation principale s’explique par le soutien massif de l’Etat dans la formation en apprentissage, principale bénéficiaire de cette évolution.

 

Explosion du nombre d’organismes, mais fragilité accrue

La première évolution marquante est l’explosion du nombre d’organismes de formation (OF). En Occitanie, ils étaient 10 700 en avril 2021, ils sont 14 300 au 1er janvier 2025, soit une progression de 33% en 4 ans. Mais cette croissance s’accompagne d’une forte instabilité : 49 % des OF ont moins de deux ans, et 38 % ont moins d’un an. En comparaison, ils n’étaient que 32 % à avoir moins de 3 ans d’ancienneté en 2021.

Ce rajeunissement du tissu reflète l’essor des structures individuelles : elles représentent 57 % des OF en 2025, contre 44 % quatre ans plus tôt. Porté par les micro-entrepreneurs et autoentrepreneurs, ce modèle incarne une certaine souplesse mais pose aussi la question de la viabilité économique : nombre de ces structures peinent à s’installer durablement.

Autre paradoxe, la part des OF certifiés Qualiopi est en baisse puisque 4 053 Organismes sont titulaires d’une certification sur au moins une action contre 4 221 OF en 2024. Entre baisse absolue et augmentation du nombre d'organismes, la proportion des OF certifiés est tombé de 34% à 28% des OF en Occitanie entre 2025 et 2024.

 

Les publics formés : hausse générale, mais recul des demandeurs d’emploi

Côté stagiaires, la tendance reste globalement positive : la fréquentation progresse de 3 % en 2023 par rapport à 2022 et de +13% par rapport à 2019. Les salariés demeurent majoritaires (56 % des formés), confirmant l’investissement croissant des entreprises dans le développement des compétences. La part des apprentis est l’évolution majeure sur la période 2019/2023, puisqu'ils sont passés de 1% des stagiaires à 6% en 2023.

Mais un signal d’alerte apparaît : les demandeurs d’emploi, public stratégique pour les politiques régionales et l’adéquation des compétences disponibles au besoin du marché du tarvail, sont en recul de 3 % en 2023. En 2019, ils représentaient 10 % des stagiaires ; en 2023, leur part plafonne à 11 % mais en baisse absolue. Ce tassement s’explique par une moindre mobilisation des fonds publics dans le contexte de restrictions budgétaires globales et risque d'accroître les problématiques de recrutement des entreprises déjà importantes.

 

Des formations plus courtes, plus ciblées

Autre tendance forte : la réduction de la durée moyenne des formations.

  • En 2019, un stagiaire suivait en moyenne 40 heures de formation.

  • En 2023, ce chiffre tombe à 32 heures hors apprentis, soit une baisse de 20 %.
     

Les formations sont donc plus courtes et plus ciblées, souvent centrées sur l’acquisition de compétences opérationnelles immédiates. Cette évolution s’inscrit dans un contexte de forte demande de flexibilité, mais interroge sur la capacité à développer des parcours longs et qualifiants.

À noter néanmoins : la part des formations certifiantes atteint 20 % des parcours, confirmant leur rôle croissant dans la sécurisation des trajectoires professionnelles. ...

Formation professionnelle en Occitanie : un marché en expansion, mais plus instable que jamais.

 

Un marché en hausse, mais financements contrastés

Sur le plan économique, le marché se porte bien : 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2023, en progression continue. Les prestataires dont l’activité principale est la formation continue d’adultes génèrent à eux seuls 798 millions d’euros, soit 43 % du total.

Mais derrière cette dynamique se cache un rééquilibrage des sources de financement.

  • Les financements privés (entreprises, particuliers, inter-OF) progressent de près de 12 % en un an.

  • Les financements publics, eux, reculent légèrement.
     

Une tendance qui confirme que la formation professionnelle repose de plus en plus sur l’initiative des entreprises et des individus, tandis que la commande publique s’essouffle.

 

La sous-traitance, un pilier qui bouleverse le marché

Jamais la sous-traitance n’a été aussi centrale. En 2023 :

  • 52 % des OF ont exercé comme sous-traitants,

  • 43 % des stagiaires ont été formés par ce biais, soit près d’un million de personnes,

  • Mais ces stagiaires ne représentent que 10 % du chiffre d’affaires global.
     

Autrement dit, les petits organismes prennent en charge une large part des publics, mais pour des revenus modestes. Côté donneurs d’ordre, le phénomène explose : 2 871 OF ont externalisé une partie de leurs formations en 2023, soit une hausse spectaculaire de +159 % en un an.

Cette évolution traduit une recherche de flexibilité et de spécialisation, mais elle accentue la dépendance économique des plus petites structures, souvent contraintes d’accepter des marges très faibles.

 

Conclusion : un marché en pleine effervescence mais instable

Avec plus de 14 000 organismes, plus de 2,2 millions de stagiaires et près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, la formation professionnelle en Occitanie apparaît plus dynamique que jamais. Mais derrière les chiffres flatteurs, le marché montre ses fragilités :

  • une commande publique en recul,

  • des petites structures nombreuses mais précaires,

  • une sous-traitance massive qui redistribue les cartes.
     

La question est désormais de savoir si ce modèle, porté par l’agilité des petites structures, saura garantir dans la durée la qualité et la pérennité de l’offre de formation dans un contexte de forte concurrence et d’exigences accrues en matière de certification et de résultats.