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Nautitia développe Ingenium, un logiciel de gestion et de partage de la connaissance issu d'un transfert de technologie des laboratoires du CEA. Ingenium est doté de fonctionnalités multiples dans le but de tracer, de cartographier et de restituer à la demande les connaissances accumulées lors d'un projet ou dans la vie d'une entreprise.

Chaque projet, chaque dossier traité au sein d'une entreprise est à l'origine d'une connaissance supplémentaire. Sans mémorisation, sans partage, ce savoir risque de se perdre. "La gestion des connaissances est destinée aux entreprises de toutes tailles qui souhaitent capitaliser leur savoir, le mémoriser et le partager." C'est ainsi que Joël Dichamp, directeur général de Nautitia, résume le champ d'action de sa société qui développe Ingenium, un outil logiciel de collecte, de mémorisation et d'accès aux connaissances.

Ingenium est issu du "serveur de connaissances", un projet élaboré par Jean-Michel Penalva au sein de L'Unité de Recherche sur la Complexité (URC), entité mixte du Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA) et de l'École des Mines d'Alès. En 1999, le prototype fait l'objet d'un transfert de technologie avec Nautitia, une société créée par Pascal Sei dans le but d'industrialiser et de commercialiser le résultat des recherches de l'URC. Commercialisé au Printemps 2000, Ingenium compte EADS et l'Institut de Protection et de Sécurité Nucléaire (ISPN) comme premiers clients.

A l'instar d'un outil de Gestion Electronique des Documents (GED), Ingenium permet le stockage de l'information. Mais il va bien au-delà du stockage de données. Le logiciel permet de créer et de gérer des "éléments de connaissance" à partir de chacun des documents archivés. "L'image simple que l'on peut donner d'un élément de connaissance, explique Joël Dichamp, c'est le fait de surligner une phrase ou un paragraphe lors de la lecture d'un document. Ce qui est surligné correspond à un élément de connaissance. Notre idée, c'est de proposer un outil capable de le mémoriser et de le partager avec d'autres." L'archivage est dynamique puisque chaque élément peut être commenté par les utilisateurs et donner naissance à un complément, une controverse ou une contradiction.

L'ensemble des connaissances accumulées lors d'un projet devient parfois extrêmement volumineux. Une fonction d'Ingenium autorise la représentation graphique des relations entre chaque élément pour en simplifier la consultation. De plus une matrice thématique, véritable carte du "corpus" des connaissances, peut être obtenue par une fonction de classement thématique. Une vision de haut niveau, assimilable à un tableau de bord, qui intéresse les décideurs.

Ce type de visualisation est l'un des résultats visés par le CEA qui doit rédiger d'ici 2006 un rapport sur l'enfouissement des déchets radioactifs en France. Cet important projet fait intervenir 120 ingénieurs qui partagent leurs connaissances à l'aide d'Ingenium. L'ensemble des informations relatives aux différents scénarios d'enfouissement et aux techniques mises en jeu est stocké afin d'en tirer une matrice de classement thématique. Ashland Polyester, à Pujaut (Gard), se sert d'Ingenium pour gérer des documents automatiquement insérés dans la base quand ils sont imprimés. "Ces aspects d'automatisation en amont ont séduit Ashland qui l'utilise pour capitaliser les documents administratifs extrêmement nombreux chez eux, avance Joël Dichamp." Le logiciel sert également à la gestion de la documentation qualité et à la capitalisation des recherches menées sur les résines polyester dans l'entreprise.

Le moteur de recherche Spirit constitue une brique importante de l'Ingenium. Réalisé par un partenaire de Nautitia, la société Technologies-GID, il autorise des interrogations de la base en langage naturel. Celle-ci peut réunir de l'information issue de bases de données externes du fait de l'architecture de l'Ingenium, ouverte à des environnements variés. "Ingenium n'est pas un outil que l'on achète sur étagère. Nous apportons notre expérience d'accompagnateur pour aider nos clients à paramètrer leurs connaissances dans l'outil." C'est le rôle des consultants de l'entreprise, des experts de la gestion des connaissances, capables d'appréhender la problématique de leurs interlocuteurs. L'équipe de Nautitia, huit collaborateurs, est également composée d'informaticiens qui développent le logiciel (C++/Java).

La société vise un chiffre d'affaires supérieur à 0,3 M€ (2 MF) cette année. En 2002, la société souhaite poursuivre son développement commercial en consolidant sa présence chez les grands comptes et en attaquant le marché des PME. "La cible d'Ingenium, ce sont les personnes qui cherchent à capitaliser et partager de la connaissance. Ça peut aussi être un groupement d'avocats, un cabinet d'architectes, voire des capitaux risqueurs, ironise Joël Dichamp."
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